Le livre numérique gratuit de Eléa Coblan

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Acro : signifie l'extrémité (acrobate : marcheur des extrémités; acrostiche : extrémité d'un vers). Polis signifie ville. Ville de l'extrémité que l'on a traduit ville haute.

Parthénon : parthéna signifie vierge. C'est le temple dédié à Athéna et il n'y en a qu'un seul. Athéna est la déesse de la sagesse, de la beauté et de l'intelligence. Zeus avait une terrible migraine, car une bosse grossissait sur son crâne et gonflait à vue d'œil. Pour le soulager Héphaïstos (ou Prométhée) lui a fendu le crâne et Athéna est née, adulte, sortie de la cervelle de Zeus. Elle a ainsi hérité de l'intelligence de son père.

Lorsque Périclès fit construire le Parthénon au Vème siècle avant JC, il a voulu déclencher une publicité pour la Démocratie.
Pour mémoire, 6000 ans avant JC, la région était peuplée d'éleveurs et de cultivateurs sédentaires. L’homme néolithique s’installe dans cet habitat prospère à partir du Pirée qui forme une cuvette de 20 km de large sur 40 km de profondeur qui est la cuvette d’Athènes. C’est une plaine fertile et parquée, avec des collines boisées tout autour pour la chasse et la cueillette. De -6000 à -800 avant JC, la ville se trouve en haut à l’intérieur de l’enceinte, sur la colline. A partir de -8ème siècle, on réaménage et on déménage en bas en laissant le haut aux affaires sacrées. On reconstruit une autre enceinte au pied du rocher.

L’entrée de l’Acropole se trouve sur le plan sud avec, en particulier, les édifices publics, sacrés et l'hôpital.
Comme à Epidaure, la médecine fait partie du sacré et honore le dieu Asclépios. Prêtres et médecins s’occupent de la santé mais seul le dieu guérit. La médecine est dans le lieu sacré. Les pèlerins venaient nombreux et pénétraient par le chemin de la sortie ouest. Les temples doivent toujours être orientés à l’ouest, or la pente la plus douce se trouve à l’est. Côté ouest , le rocher est abrupt. Ceci était un gros problème pour les architectes. C’est la raison pour laquelle le temple est aussi beau de dos que de face. Exception d’Athènes : on accède côté est mais on se devait de faire la façade ouest aussi belle comme les principes d’orientation l’exigeaient.

Des cérémonies y sont célébrées : les hécatombes héca=sang, où on égorgeait 100 bœufs ou vaches. On y organisait des concours, des fêtes, on y jouait l’art dramatique.
On trouve sur le plan sud le théâtre de Dionysos, dans le sanctuaire d’Asclépios. C’est Adrien qui a commandé cet odéon. Il comporte 5000 places. Il a souhaité conserver le caractère grec : le théâtre s’appuie sur la colline face à la mer et il y ajoute le mur de scène qui est romain ainsi que l’architecture baroque. Les gradins sont à la mode grecque.
Philopappos, sénateur romain, est enterré sur le sanctuaire en face de l’Acropole sur la colline des muses.

Sur la partie ouest : l'esplanade colline sur laquelle se déroulait l’assemblée des citoyens. Les décisions importantes se prenaient sur le plus haut lieu.

L’Acropole était le lieu où on adorait la déesse Athéna. La place intérieure est la place des propylées (pro : avant - pylées : porte) : c’est ce qui encadre ou précède la porte. C'est là que se trouve la salle de repos avec 3 colonnes doriques de petit gabarit. Les pèlerins n’entraient pas directement. L’acte religieux était un acte important et on devait se vider l’ esprit de toute préoccupation. La salle de repos permettait de laisser les soucis à l’extérieur pour mieux prier. On pouvait y voir des tableaux aux motifs paisibles. Il y avait des lits également pour se reposer. On est au Vème siècle avant JC. Tout était prévu pour vider son âme, son esprit et son corps. Une fois prêts, on allait au petit temple de Niké (niky = victoire) : on remerciait la déesse de la victoire contre les Perses lors de la bataille de Salamine remportée par le général Thémistocle. Cette bataille avait permis d’être resté un homme libre, un citoyen. C’est une victoire importante car le citoyen est la base de la démocratie de Périclès. Il y avait de grandes fêtes. Ces fêtes étaient masculines, les femmes étaient des reproductrices et restaient à la maison. Seules 100 jeunes filles avaient un rôle. Il y avait donc une foule d’hommes, plus les animaux de sacrifices. On imagine le bruit et l’odeur qui régnaient là.

Le Parthénon a donc été commandé par Périclès au Vème Siècle avant JC et sa construction a duré 11 ans. L’architecte qui a dirigé les travaux et qui l’a construit fut sont ami Phidias. Le Parthénon était une propagande pour la démocratie. Périclès fut élu et réélu comme stratège pendant 30 ans. Il y eut 10 stratèges. C’était la seule fonction élue, les autres étaient attribuées par tirage au sort parmi les candidats. Le mandat de stratège était un mandat court de un an. Le stratège devait se remettre en cause une fois par mois devant le peuple. Le Parthénon est l’emblème de la puissance militaire et économique grecques.

Au début, la ville d'ici n’a pas de nom car elle n’a pas de divinité protectrice. C’est, selon la légende, le roi Cécrops ou Erechthée son père (en -1500 av JC) qui auraient souhaité avoir une divinité pour assurer leur protection. Parmi les douze dieux de l’Olympe, deux se sont portés candidats : Athéna fille de Zeus et Poséidon frère de Zeus. Il était extrêmement délicat de choisir entre les deux car, comme chacun sait, il ne faut pas contrarier les dieux… Cécrops, rusé , a une idée : il leur dit qu’il ne peut choisir car leur grandeur est inégalable mais qu'ils n'ont qu'à proposer un cadeau aux habitants qui voteraient pour le cadeau le plus beau. Le dieu dont le cadeau obtiendrait le meilleur score serait désigné protecteur de la ville. Aussitôt dit, aussitôt fait !
Poséidon fait s’ouvrir le sol et une source d’eau salée et poissonneuse jaillit. Il offre la mer et les poissons, ce qui permettra aux habitants de ne plus jamais souffrir de la faim.
Athéna offre l’olivier dont le descendant se trouve au même endroit que son ancêtre.
- "Je vous offre avec cet arbre la nourriture, la lumière car ses fruits vous nourriront. Si vous les pressez, vous obtiendrez de l’huile pour vous nourrir aussi et pour vous éclairer", dit la déesse.
Un seul cadeau et deux présents. Ce fut Athéna qui l'emporta. A côté de la grande porte une statue en son honneur fut érigée.
Ici, les dieux ont daigné offrir des présents aux hommes. Il reste la faille d’où a jailli la source de Poséidon mais il a repris l’eau et les poissons, à ce qu'il parait…

Tout était peint, on peignait pour atténuer l’éblouissement provoqué par le blanc du marbre. Les colonnes sont séparées du sol, elles reposent sur un support. Les arêtes sont plates (ce n’est pas de l’usure, c’est volontaire). Le chapiteau des colonnes est de style ionique. On observe un plafond à caissons dont la conservation est parfaite, ce qui est rarissime. Au centre, un petit trou tenait des fleurs de marbres sculptées et peintes. On dit que les rois Cécrops et Erechthée sont enterrés sous le temple, ce qui est bien sûr impossible car ce sont des rois légendaires .
Les Cariatides sont les statues qui remplacent les colonnes. Ceci fut inventé au Ier siècle dans la ville de Caria en Asie Mineure. La mode en sculpture au Vème siècle était le corps déhanché, les bras ballants le long du corps. Mais, attention, il faut qu'une colonne soit rigide pour la solidité de la structure. Pour conserver ce déhanché tout en restant rigide, Phileas a très subtilement mis le genou en avant. La tête devait soutenir le toit, il y a posé une coiffe large. Une autre difficulté fut le cou qui est plus fin que le reste, ce qui est à contresens. Il a tout de même réussi à contourner le problème. La mode était aux chignons dégageant le cou au Vème Siècle avant JC. Il a fait une coiffure rétro en vogue au VIème Siècle avant JC : les cheveux étaient non attachés, ce qui permettait de doubler le volume du cou. (Copies : les vrais statuts sont au musée de l’Acropole).

On n’entre pas dans un temple qui est la maison de la divinité. Phidias a sculpté la statue d’Athéna : chryséléphantine d’or et d’ivoire. Elle est en bois sur lequel on a posé l’or et l’ivoire, elle mesure 12m de haut. Une autre statue est identique, celle de Zeus à Olympie qui est une des 7 merveilles du monde.

Périclès a voulu faire un temple à l’image de la démocratie :
- Grand : les villes alliées ne pourront être que des démocraties : d’habitude on a 6/13 colonnes, ici il y a 8/17.
- Stable : solidité/sécurité : style dorique plus sobre. Sa stabilité fut constatée par sa durée : du Vème siècle avant JC au XVIIIème Siècle après JC .
- Souple : la règle était la suivante : « Si on ne peut pas faire, il faut modifier la loi ». La loi était très souple et pouvait aisément être remise en cause lors des discussions dans l’Agora. Cette souplesse est symbolisée par l’absence totale de ligne droite dans tout le Parthénon. Le sol est convexe, les colonnes ne sont pas toutes à la même hauteur, les 4 colonnes d’angle sont les plus courtes. De bas en haut, elles augmentent de quelques centimètres puis rétrécissent. Il y a 11 cm de dénivelé qui permet à l’œil de voir l’arc soutenu par la colonnade. La charpente était en bois du Liban et devait être suffisamment solide pour supporter des tuiles de marbre. Les ouvriers sont des hommes libres, des spécialistes qui sont rémunérés. Les esclaves travaillent dans les carrières.
De nombreuses frises représentent des scènes de la mythologie, la naissance d’Athéna, le duel entre Athéna et Poséidon, des batailles, la guerre de Troie. Une frise est essentielle : c'est une frise ionique. Elle retrace l'histoire des processions des panathénées avec les cortèges de simples citoyens.

C'est un message particulièrement fort et audacieux pour l'époque que de représenter des humains sur la maison d'une divinité. C'était un crime d'outrage aux dieux qui était puni de mort. Il signifie que l'homme en démocratie prend son sort entre ses mains et ne compte pas sur les dieux. Le citoyen au sommet du temple est à égalité avec les dieux. Trente six ans après, Socrate sera condamné à mort pour délit d'impiété, alors que Périclès l'exprima dans la splendeur et la solennité. Ce que Périclès s'autorisa, on ne le permettra pas à Socrate. C'est dire que rien n'est jamais acquis. Les grandes civilisations sont ainsi souvent marquées par leur apogée précédant immanquablement leur déclin.

Photo : l'Acropole d'Athènes avec le Parthénon, les Cariatides, l'Olivier d'Athéna toujours présent sur l'Acropole, moi et mon carnet de voyage, la vue sur Athènes.

( Le 06/11/2021 )124