Le livre numérique gratuit de Eléa Coblan

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J'ai rapporté d'un séjour à Malaga ce prospectus qui racontait l'histoire du jasmin.
Le mot jasmin vient du persan yasimin. Il a été introduit et largement cultivée par les Arabes en Méditerranée.

Selon la légende, une belle jeune Bédouine vivant dans une oasis au milieu du désert nommée Jasmine, a été demandée pour épouse par un prince. Avant d'être installée dans son harem, elle savait qu'elle ne pourrait pas vivre à l'intérieur d'autres murs que ceux de son Oasis qui reflétait son visage blanc au soleil. Le soleil, fasciné par sa beauté, transforma la belle en cette fleur de jasmin blanc.

Il est associé à l'amour de Dieu pour son parfum pénétrant et sa fleur blanche. Il est très cité dans la littérature arabe. Nous nous souvenons des allégories de Aziz al-Din:
"Mes senteurs pénétrantes triomphent des odeurs des autres fleurs. Les amants m'ont élue pour déclarer leur flamme à leur bien-aimé. Pris parmi les trésors invisibles de la divinité, la fleur de jasmin décore  les plis de son manteau."

Ou El Cordobes Ibn Zaydun:
"Quand elle m'offrit les fleurs de jasmin dans la paume de sa main, je reçus des étoiles brillantes de la main de la lune."

La fleur de jasmin est belle, 
pas de la famille des plus vivaces.
Elle vit autant d'heures que vivent les rayons d'une étoile
Luis de Giongora

Le biznaga ou visnaga est fabriqué en insérant du jasmin dans la fleur séchée du cactus, en forme d'ombrelle, et des plantes comme la carotte sauvage (la zanahoria silvestre). Son nom vient du latin "pastinaca" ou "pastinaga". Ce nom a été conservé à Malaga, ainsi que la coutume de les donner et de les porter en prévision d'un mariage ou lors de la cérémonie de mariage.

Et la révolution de jasmin ? 10 années ont passé...

Quelques réflexions piochées ici et là au fil du temps :
Un agriculteur.
- « Le « printemps arabe » n’a pas tenu ses promesses. C’est le sentiment général à Sidi Bouzid, à deux cent soixante kilomètres au sud de Tunis. « En deux ans, rien n’a changé, se désole Rochdi Horchani, agriculteur de Sidi Bouzid et cousin de Mohamed Bouazizi. On vit dans les mêmes conditions, on a toujours autant de chômeurs, peut-être même plus, on a les mêmes diplômés sans travail, la même pauvreté. Les causes qui ont amené Mohamed Bouazizi à faire ce geste sont toujours là, c’est peut-être même pire qu’avant. Avec l’instabilité et la hausse des prix, les gens sont davantage en difficulté qu’en 2010. On a simplement gagné la liberté d’expression, on peut dire ce que l’on veut aujourd’hui, mais la parole, ça ne suffit pas pour vivre ! ».

Une enseignante.
- "Le printemps de jasmin en Tunisie, et maintenant que vais-je faire ? Mon devoir...enseigner !"

Attendant le passage d'un taxi, un jeune homme m'adresse la parole :
-Bonjour madame, comment allez-vous ?
-Bonjour jeune homme, certainement vous êtes un de mes anciens élèves , je lui réponds !
- Mais bien sûr madame, je garde de très bons souvenirs de mon passage dans votre classe, ça fait des années déjà ! Explique-t -il..
- Pardonne -moi fiston , je t'ai pas reconnu , cette barbe que tu as, m'a fait perdre la boussole , je lui explique
Souriant , il ajoute
- Mais je suis devenu un vrai musulman, madame !
Ah! Tu ne l'étais pas avant ? je réplique en souriant .
Heureusement la discussion n'a pas pu continuer car un taxi s'est arrêté pour m'échapper à cette belle rencontre "

L'enseignante l'explique ainsi :
- "C'est vrai que les époques changent , mais la montée des intégristes chez nous continue de me bouleverser, jamais on aurait cru que les jeunes qu'on formait pour bâtir l'avenir de notre pays et son épanouissement vont basculer un jour dans l'exercice de la haine, de l'intolérance et même le crime (voir ce qui se passe en Syrie )... J'étais touchée hier par cet incident car auparavant quand un jeune m'interpellait , c'était en général pour m'apprendre sa carrière brillante qu'il avait réussi à forger , mais pas pour me dire qu'il était devenu un salafiste ... Dommage pour lui et pour bien d'autres qui ont choisi le chemin de la folie, je dirai ... J'avoue qu'ils n'ont rien compris à la religion !!!"

Elle s'empresse d'ajouter :
 - «Je tiens à préciser que la société tunisienne a été toujours musulmane de croyance, seulement avec les islamistes et les salafistes qui envahissent le pays de nos jours, certains pensent qu'ils n'étaient pas musulmans comme il le fallait auparavant !!!! Drôle de situation et d'ambiance qui règne depuis ce fameux printemps qui n'a jamais été un printemps en réalité ! Le bouleversement que nous vivons aujourd'hui ne peut être que du recul en arrière sur tous les plans dont je viens de citer ! Beaucoup de jeunes choisissent maintenant le "JIHAD" et partent en Syrie pour combattre d'autres jeunes et populations au nom d' Allah ! Le chômage, l'ignorance, la futilité d'esprit et le manque d'horions et de perspectives pour l'avenir mettent ces jeunes dans cette situation !

Les conversations se poursuivent
- « Pour comprendre le fonctionnement des mouvements ''takfiristes'' (qui considèrent comme mécréants tout ceux qui n'ont pas la même conception des textes religieux qu'eux) il faut ou les avoir côtoyer ou les avoir étudier ou encore avoir un (ou plus) membre de la famille, qui en fait partie.
Leur idéologie a besoin d'un terrain pour creuser sa place. D'abord, cette suprématie donnée au religieux dans la vie de tous les jours et surtout dans l'imaginaire du citoyen de la région, qui ouvre les yeux sur elle et devient son véritable ''système d'exploitation'' pour l'avenir. Ensuite, il y a tous les problèmes sociaux qui peuvent exister dans les société de nos jours (chômage, analphabétisme, exclusion...). Mais le facteur le plus important reste à mon sens la dictature. Les dictatures militaires, nationalistes et autres (même celles qui a brandi le drapeau de la laïcité) ont engendré les extrémismes (il se trouve qu'il est religieux en ce moment), elles profitent aussi de ces extrémismes pour perdurer (le cas de la Syrie).
Beaucoup vont dire, mais où est la solution ? Elle est entre les mains des démocrates de la région. Il faut qu'ils retroussent leurs manches et descendent (de leurs tours) vers les citoyenNEs (ils peuvent le faire car il y'a encore un champ, petit certes, mais qui permet une action). C'est un travail de longue haleine et il se peut que ses fruits ne soient pas visibles par beaucoup d'entre eux, mais les bourgeons du changement seront très rapides à se manifester. »

 - « Il ne faut pas oublier aussi que, en Tunisie, c'est la dynamique révolutionnaire qui a imposé, via certaines associations (UGTT, LDHT, associations féministes...), le compromis par le haut qui a donné lieu à la naissance de la nouvelle Constitution tunisienne – qui n'est pas tombée du Ciel, aussi clément et miséricordieux soit-il, ni n'a été octroyée par une dictature, aussi "laïque" et "éclairée" soit-elle. »

 - « En Tunisie, les islamistes ont facilité l'installation de tout type d'extrémistes, leur gourou , le grand frère musulman disait qu'ils sont nos enfants et leur combat lui rappelait sa jeunesse comme militant islamiste au pays ! Actuellement, ce qui est très grave, il n'y a pas de volonté gouvernementale proprement dite pour arrêter ce fléau destructeur installé au pays et on voit des milliers et des milliers de nos jeunes partir en Syrie pour le Jihad ! On n'arrête pas, par exemple, les recteurs de mosquées qui incitent les jeunes et leur font un lavage de cerveau ! On ne contrôle pas les associations islamistes à caractère salafiste qui envoient nos jeunes au jihad et qui sont devenues nombreuses avec un financement très louche !!!! Beaucoup de décisions à prendre , mais on n'en voit aucune !!!! »

 - « Je vous comprends dans votre doute de la révolution qui tourne au vinaigre à cause des extrémistes religieux. La crise économique n'aide pas forcément cette jeunesse qui voit un monde bouché dans leur avenir. Ils considèrent la religion comme seule solution à un meilleur avenir.

Et aujourd'hui encore, dans un article d'hier, 8 février 2021, du courrier international, je lis :
"En tant que jeune femme de 19 ans, je redoute même d’emprunter les transports en commun, de peur de me faire harceler. Mes amies ne sortent pas seules, car elles craignent de se faire violer. En ligne, je ne peux pas être en désaccord avec des hommes ou m’attaquer à un sujet tabou sans me faire insulter.
(---)
Une décennie après le renversement de Ben Ali, la Tunisie n’a pas réalisé les espoirs de la révolution. Mais peut-être dix ans n’ont-ils pas suffi pour que notre fragile jasmin fleurisse."

En guise de conclusion qui ne peut en être une :
Abdessatar Ben Moussa( Président de la ligue des droits de l'homme ) lors d'une conférence regrettait que : "Le droit à la vie, à la dignité sont reconnus comme droits fondamentaux. Cependant, on déplore qu'en Tunisie personne n’ait réagi pour les crimes contre l’humanité. On conclura avec Abou El-Kacem Echabi, poète Tunisien « Si le peuple décide un jour de vivre, le destin doit se plier à sa volonté ».

Photo : le prospectus de Malaga.
*Espagnol :
La palabra jazmin viene del persa yasimin. Originario de una zona fue introducido y profusamente cultivado por los arabes en la zona mediterranea.
Segun una leyenda, una bella joven beduina que viva en un oasis enmedio del desierto y que se llalaba Jasmine, fue pedida por esposa por un principe. Antes de ser llevada al harem comprendio que no podria vivir entre sus muros por lo que sallo del oasis y espero su blanco rostro al sol. Este, el sol, quedo fascinado por sa belleza y transformo a Jasmine en la blanca flor que conocemos como jasmin.
Se asocia al amor divino por su perfume penetrante y la blancura de su flor. Muy citado en la literatura arabe. Podemos recordar las alegorias de Aziz-al-Din :
Mi odor penetrante triunfa sobre el perfume de loas demas flores, los amantes me eligea para afrecerme a sus amadas. Broto de los tesoros invisibles de la divinidad y descanso en los pliegues de su manto.
O al cordobes Ibn Zaydun :
Cuando me ofrece jazmlines en la palma de su mano recojo estrellas brillantes de la mano de la luna.
Flor es el jazmin y bella,
no de las mas vividoras
pues vive mas pocas horas
que rayos tiene de estrella
Luis de Giongora
La biznaga o visnaga se hace insertando jazmines en la flor seca, en forma de umbela, de plantas como la zanahoria silvestre, de donde procede el nombre, pues en latin de dice "pastinaca" o "pastinaga". Este nombre se ha conservado en Malaga, asi como la costumbre de regalarlas y portalas, lo cual tiene an significado de cortejo o disposicion a el.

( Le 09/02/2021 )84