Le livre numérique gratuit de Eléa Coblan

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On pourrait croire que le libertarisme, ce terme à consonance péjorative, formalise toutes les aisances prises librement au sein d'un couple, sans se préoccuper de l'engagement affectif investi dans la force du lien; la fidélité, en tant que constante dans les sentiments représentant un caractère dérisoire indépendant de l'équilibre de la relation.

Contresens total, c'est pire...

Le libertarisme est une stratégie économique dont le principal représentant fut Alan Greenspan de 1987 à 2006. Dans cette période, Alan Greenspan fut président de la Réserve Fédérale, banque centrale des États Unis. Il fut mis en cause lors de la crise financière mondiale des subprimes causée par la spéculation sur les taux directeurs dans les deux années qui suivirent, 2007-2008. Il augmenta la masse monétaire à la fin de son mandat afin que les plus pauvres puissent accéder à la propriété à des taux extrêmement bas, de 15% plus bas que le taux habituel. Lorsque les taux augmentèrent du jour au lendemain, les emprunteurs furent incapables de rembourser leur dette, et les créanciers empêchés de vendre les biens hypothéqués à leur valeur normale. Ce phénomène entraîna une dérégulation du marché, la faillite de nombreux organismes de prêts et de fonds d'investissement.

Le libertarisme peut être qualifié de «fanatisme du marché », au même titre que toute liberté prise sans réserve pourrait l'être.

Le libertarisme pousse le libéralisme à l'extrême. Le libéralisme considère que l’État a pour seule obligation d'assurer la sécurité des personnes et la protection des biens d'un pays. Il doit contrôler pour cela uniquement la police, la justice et l’armée, dans le respect de sa Constitution.

Chaque idéologie a ses dérives ; de gauche pour les libertés individuelles, de droite pour les libertés économiques.

Voici quelques exemples pour illustrer ces thèses :
Les libertaristes ne voient pas l’intérêt d’obliger les compagnies aériennes à entretenir leurs avions et à faire vérifier la qualité de l’entretien par les inspecteurs des aéroports. Pourquoi ? Pour faire des économies et parce que les compagnies qui n’entretiendraient pas leurs machines volantes disparaîtraient naturellement, ne laissant survivre que celles qui les entretiendraient correctement.
Les libertaristes appliquent ce raisonnement à toutes les industries, y compris les plus dangereuses, telles que les industries nucléaires. La bonne régulation des activités économiques et de la société passe, selon eux, par les pertes et profits de milliers de personnes.

On peut comparer ce système à un système à points dans lequel chaque individu doit rester libre de demander ou non la protection fournie par l’armée, la police et la justice. Ceux qui veulent cette protection augmentent leur nombre de points en achetant des options, sinon ils n’en bénéficient pas. Si votre maison brûle, nul pompier ne viendra éteindre le feu si vous n'avez pas payé cette protection. Par contre si le feu menace la maison du voisin qui, lui, a payé, alors tous les moyens seront mis en œuvre contre ce danger. Pas question de vouloir payer à posteriori, trop tard, c’est trop tard ! Ce fut le cas en Géorgie où une taxe d'une centaine de dollars par an doit être versée pour cette protection incendie et où un habitant vit sa maison réduite en cendres devant les pompiers qui se sont croisés les bras.

Les libertariens vont plus loin, ils estiment qu’on peut se passer de toute forme de régulation des marchés, la sélection naturelle éliminant les fraudeurs. Ce darwinisme de l'économie repose sur la confiance indispensable au capitalisme qui s'écroule de lui-même si les règles ne sont pas respectées. Le capitalisme n'existe que par son intelligence anarchiste qui ne connaît ni maître, ni loi et encore moins de Dieu.

La théoricienne de ce capitalisme reposant sur l’égoïsme et l'individualisme se nomme Ayn Rand. Elle a notamment influencé Alan Greenspan. Sa fiction «La grève» a été traduite en français : «Roman d'énigme, roman philosophique, roman politique, La Grève (Atlas Shrugged) a été traduit en dix-sept langues et est le livre le plus influent aux États-Unis après la Bible. Le voici enfin disponible en version poche».
Elle considère que chacun doit être libre d'offrir son secours à celui qui le mérite.
A la question :
- «Faut-il toujours aider son prochain » ?
Sa réponse est :
- « Non, si celui-ci le revendique comme un droit ou une obligation morale à laquelle vous seriez soumis ».

Fort heureusement, j'habite en France où nous ne sommes pas des abrutis... Je ne voterai jamais pour un programme qui exclut du secteur public toute forme de solidarité nationale, la protection sociale et civile, l’éducation. J'estime que la privatisation a déjà suffisamment érodé notre système. La ruine d'un pays consisterait précisément à tenir ce discours : "tu payes, respect et soin ; tu ne payes pas, indifférence et mort".
« Money is the root of all evil », nos politiques le savent bien, certains plus que d'autres, oui...

Photo : Buste de Jean Jaurès au pied du Grand Escalier du Capitole de Toulouse. Il dénonça l'indifférence, la misère ainsi que la censure. Il clamait : " C’est ainsi que vous êtes obligés de recruter dans le crime de quoi surveiller le crime, dans la misère de quoi surveiller la misère et dans l’anarchie de quoi surveiller l’anarchie ".

( Le 03/03/2021 )46